Les cèpes :
une richesse locale convoitée
L' importance de sa couverture forestière, la
nature de son sol et son régime pluviométrique
font du plateau de Millevaches une des régions les plus riches au plan
mycologique.
GALERIE
PHOTO SUR LES CHAMPIGNONS
DU PLATEAU DE MILLEVACHES
Chaque
automne, un trésor mycologique soulève les feuilles et les mousses
des grands bois de Millevaches. Sous les plantations d'épicéas,
dans les forêts-friches de feuillus, de sapins ou de pins sylvestres,
foisonnent cèpes de Bordeaux et bolets "tête de nègre",
pour peu que le mois d'août ait été suffisamment arrosé
et que le gel n'arrive pas trop précocement. Il s'agit là d'une
richesse locale de premier plan, qui progresse en même temps que le
boisement, même si les plantations de douglas, défavorables aux
cèpes, sont actuellement les plus nombreuses en raison de l'intérêt
industriel de l'essence et de sa croissance rapide. En 1990, dans le canton
de Bugeat par exemple, le produit net de la vente des cèpes se serait
élevé à plusieurs dizaines de millions de francs, et
aurait dépassé la valeur brute des produits de l'élevage.
Encore s'agissait-il d'une bonne année, sans plus. Pour les meilleurs
millésimes, on estime que la valeur de la cueillette pourrait être
supérieure au montant du produit brut issu de l'agriculture et de la
forêt. Les champignons sauvages constitueraient donc la plus grande
ressource actuelle de ce canton, et l'on peut admettre qu'il en va sensiblement
de même dans le reste de la montagne. Le commerce issu de la cueillette
a suscité bien des convoitises pendant des années, dû
en particulier à l'augmentation des prix. Aux premières pousses,
des équipes de ramasseurs viennent de partout en masse dans les forêts,
avec tous les problèmes que cela pose sur le plan écologique,
de violation de propriété et de jalousie. Certaines communes
en sont même venues à interdire la cueillette aux non résidents.
Mais depuis la fin des années 90, les cueillettes se font plus rares
par manque de cèpes. Alors que les prix devraient flamber, ils restent
bas car les importations massives des cèpes des pays de l'Europe de
l'Est les font chuter. Faut-il s'en réjouir ? Il y aura moins de pilleurs
et plus de promeneurs respectant la nature. La multiplication des forêts
de Douglas au détriment de l'épicéa et du sapin commence
à se faire sentir. Les pépinières d'épicéas
et de sapins vieillissantes ne produisent plus de cèpes or depuis la
tempête de décembre 1999, ces dernières ont été
particulièrement touchées.
Cela étant dit, le promeneur goûtant au plaisir de remplir un
panier de cèpes dans nos bois sera toujours le bienvenu, s'il ne ramasse
que pour sa consommation familiale en respectant le milieu naturel.