Une forêt jeune ...

 


Plantation d'épicéa


            
            Pays boisé originellement, déboisé progressivement et abusivement par l'homme au cours des siècles, pour se nourrir et se chauffer, ce n'est qu'à partir de 1900, sous l'impulsion d'un homme, Marius Vazeilles, que le plateau de Millevaches va commencer à retrouver une couverture boisée qui se fera d'abord par les paysans, puis surtout par des Limousins émigrés à la ville mais désireux de donner une plus-value aux terres familiales conservées.
Au détour d'un chemin, le promeneur remarque que de nombreux lieux-dits témoignent de la présence d'une forêt primitive: Les Bessades, La Besse, Les Jarriges, Le Boizelier, Les Bard èches, La Feuillade, Bellechassagne... Dans des poteries gallo-romaines retrouvées par Marius Vazeilles sur le Plateau, ont été décelés par laboratoire des grains de pollen de bouleau, de hêtre, de bruyère... C'est avec le temps et le besoin de se nourrir que les hommes vont faire progressivement disparaître la forêt pour les cultures et le pacage des bêtes, surtout à laine. De plus, quelques grands incendies, tel celui de 1575 allumé dans la forêt de Veix sur l'ordre du seigneur de Treignac pour chasser les huguenots, ont eu raison des forêts du Plateau.


Une agriculture pauvre qui conduit à l'exode
Mais les terres exploitées sont à faible rendement et le revenu par exploitation insuffisant. Trop extensif, l'élevage ovin ne peut renforcer la production céréalière par la fumure, ni compenser sa faiblesse par l'apport d'un revenu monétaire important. Aussi l'exode apparaît comme la seule solution pour la survie de la ferme. Temporaire dans un premier temps, il devient définitif par la suite. Le plateau de Millevaches participera en effet au développement industriel et à la naissance du capitalisme par les migrations de ses habitants vers la capitale, comme maçons ou ouvriers, comme scieurs de long vers le sud-ouest.

Quel avenir pour les paysans restés sur place ? Le pré-bois
L'objectif d'un homme, Marius Vazeilles, est de créer une forêt qui complétera les revenus des agriculteurs : c'est la "forêt paysanne". Installé à Meymac en 1913, garde général des Eaux et Forêts, puis pépiniériste, député du Front Populaire en 1936, Marius Vazeilles étudie le Plateau et ses habitants, seul, sans collaborateur et à bicyclette. Il encourage les paysans à planter les terres non propices à l'agriculture. Ainsi peut naître, selon lui, le "pré-bois", mélange harmonieux de prés et de bois.


Douglas des farges prés de Meymac

L' échec du pré-bois et l'apparition des boisements véritables
Mais ce pré-bois ne se fera que partiellement du fait de l'abandon par les jeunes des terres agricoles. Le reboisement paysan devient alors marginal et cède la place à un boisement qui sera l'oeuvre de citadins suffisamment aisés pour pouvoir investir à long terme. De plus, si le paysan boisait de petites surfaces, le citadin, souvent corrézien d'origine, ayant réussi à la ville, décide quant à lui de planter de grandes étendues, faisant ainsi monter la pression sur les prix du foncier et supplantant de fait les derniers petits exploitants.

La forêt du plateau : quelle réalité aujourd'hui ?
Cette forêt est bien présente puisque, depuis 1914, les reboisements se sont poursuivis avec des années fortes entre 1950 et 1975, grâce notamment à la création du Fonds Forestier National en 1946, qui attribuait des plants gratuits aux propriétaires privés désireux de planter: Les taux de boisement varient de 50 à 80 % sur les communes du Plateau : Meymac, 65 %, L'Eglise-au-Bois, 80 %. Dans l'ordre chronologique, les principales essences plantées ont été le pin sylvestre, essence autochtone, l'épicéa commun et l'épicéa de Sitka, le douglas. Mais on compte aussi le mélèze du Japon, le sapin pectiné, le sapin de Vancouver, le Tsuga heterophylla, le sapin Noble, le sapin de Nordmann...


      La douglaseraie des Farges est une forêt domaniale de 20 ha. Située dans un vallon marécageux où serpente le ruisseau des Farges, elle présente des arbres remarquables. Plantés en 1895, ces douglas centenaires atteignent une hauteur de 50 m, une circonférence de 3,20 m à 1,30 m du sol, un volume voisin de 18 m3. Il s'agirait des plus beaux spécimens français. peut-être européens Quoi qu'il en soit, on sélectionne leur descendance.
Long de 210 m, le viaduc des Farges compte II arches d'une hauteur maximum de 34,5 m. C'est l'ouvrage d'art le plus élevé de la ligne Limoges-Meymac, mise en service en 1882.
Afin de couper la voie, les cheminots firent sauter un train dans le marécage en amont du ruisseau en 1944. -MVC


Quel avenir demain ?
La forêt du Plateau est jeune. La région n'a pas de passé forestier comme le Jura ou les Vosges. Aussi, parce que la forêt est à 95 % privée, elle bénéficie de l'action d'organismes de conseil tels que le Centre Régional de la Propriété Forestière (C.R.P.F.). Créé en 1963, la vocation de cet organisme est de faire prendre conscience aux propriétaires forestiers de la nécessité de planter, de dégager les plants des broussailles, de dépresser , et enfin d'éclaircir; d'enlever des arbres tous les cinq à dix ans, à partir de vingt ans d'âge, afin de donner plus d'espace à ceux qui restent pour aboutir à une densité finale à l'hectare de 200 à 400 arbres. On obtient alors des forêts agréables à visiter, productives pour les propriétaires, capables d'alimenter des scieries résineuses et des industries de transformation du bois comme, à Ussel, Isoroy, qui fabrique des panneaux de particules; Brunzeel des panneaux ou, dans la Haute-Vienne, AussedatRe, qui produit de la pâte à papier et du papier.
Ainsi la vocation forestière du Plateau pourra s'affirmer à l'aube du XX~ siècle.
(Source : guide Chamina sur le Plateau de Millevaches)


Une des dernières hêtraie du plateau !

NB/  je rajouterais qu'il serait dommage que la forêt du plateau de Millevaches devienne une monoculture car depuis maintenant plusieurs années, la politique générale forestière est de reboiser en Douglas ( 80 voir 90 % des plants vendus). Depuis la tempête de décembre 1999, les faits ont tendance à se confirmer !
Ne serait-il pas temps de revoir la politique de reboisement ?



http://millevaches.free.fr

Organisation professionnelle
http://boisbrut.com/